Brevets : IBM numéro 1 au grand jour, mais Microsoft avance masqué
Business : Monter sur la première marche du podium en termes de dépôt de brevet suffit-il pour régner sur la propriété intellectuelle ? Si IBM prend la lumière dans ce domaine, d’autres avancent dans l’ombre. Avec une toute autre stratégie.
Par Guillaume Serries |
Un brevet ça sert à quoi ? A ne pas se faire piquer une idée, ou tout du moins à pouvoir attaquer en justice celui qui le fait. IBM annonce fièrement être le numéro un en termes de dépôt de brevets aux Etats-Unis, et ce pour la 23ème année consécutive. Dans quels domaines ? « L’informatique cognitive et (…) la plateforme cloud d’IBM » pour plus de 2 000 d’entre eux affirme la société.
Au total, 7 355 brevets ont été déposés en 2015 par Big Blue. Sur la période de 23 ans, ce sont « plus de 88 000 brevets » qui ont été déposés par la société. IBM insiste sur les domaines de l’informatique et du cloud pour bien montrer que la société est à la pointe de la recherche sur les nouvelles technologies. Le brevet US9117446 porte par exemple sur « un système qui aide les machines à interpréter les mots chargés d’émotions de façon à ce qu’elles puissent converser avec nous d’une façon plus naturelle ». Côté cloud, le brevet US9009722 porte sur « une méthode permettant aux clouds de demander des ressources informatiques additionnelles à d’autres clouds qui bénéficient de capacités disponibles à partager ».
Toujours en 2015, Samsung arrive en seconde position avec 5 072 brevets. Viennent ensuite Canon (4 134), Qualcomm (2 900), Google (2 835), Toshiba (2 627), Sony (2 455), LG Electronics (2 242), Intel (2 048) et Microsoft (1 956) selon les données fournies par l’IFI Claims Patent Service.
La position en trompe-l’œil de Microsoft
La dixième position de Microsoft dans ce classement a de quoi étonner. En 2014, la société avait déposé 2 823 brevets, et était en cinquième position du classement. En 2009, Microsoft montait même sur le podium, à la troisième marche, avec 2 903 brevets déposés. Cela tenait essentiellement à la volonté affichée de Bill Gates qui encourageait la politique de dépôt de brevet. Sauf que le dépôt de brevet n’est en rien un gage de profitabilité. C’est même le contraire : trouver et déposer une idée est une chose, la commercialiser en est une autre.
Reste que la chute de Microsoft au classement des entreprises qui déposent le plus de brevet masque une autre réalité : certaines entreprises telles que Microsoft et Panasonic disséminent leurs brevets dans diverses structures leur appartenant via des holding, affirme un analyste de l’IFI. Avancé masqué semble avoir certains bénéfices, même si l’on ne se positionne plus comme le roi du dépôt de brevet.